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histoires d'hier et d'aujourd'hui
15 septembre 2010

Ces objets, des amis sûrs

Au rez-de-chaussée, le  canapé, siège rembourré , confortable avec dossier et accoudoir, prévu pour que puissent s’asseoir trois personnes bien que je vive seule et reçoive rarement. Après les repas, je m'y affale, faisant le bonheur de Rumba, la petite chienne qui aime la compagnie. Quel bonheur de retarder le moment de desservir la table et de faire la vaisselle !  Une table  basse croule sous la pile de revues en attente d’être lues. Rattraper mon retard de lectures et  diminuer le volume de la pile me servent d'alibi. Autre alibi qui tombe à pic, les infos de treize heures. Trop important pour les louper ; Il y a des priorités dans la vie. Merci le canapé.

 

Il y une étagère en osier fixée au milieu d’un pan de mur. Assez élégante, je dois dire, avec son napperon brodé que j'ai taillé dans une vieille nappe. C'est le coin des vieux souvenirs: la photographie d'un caniche mort depuis bien longtemps, celle de ma petite fille, quand elle avait six ans, alors qu'elle en a dix neuf aujourd'hui. Un touche de religieux : quelques bougies fichées sur le Menorah à huit branches, qui a vu vu passer bien des Hannoucah (1) sans être allumées, faute de conviction. Un diffuseur d'encens privé de son baton odorant.

Le tabouret qui sert à tout et ne sert à rien. N’est nul part à sa place, est renvoyé d’un coin à l’autre.  Sert d'escabeau, de siège  d'appoint pour le visiteur qu’on n’attendait pas. Peint en blanc, il se prétend élégant, lorsque recouvert d’un napperon, se prend pour un guéridon et d’enorgueillit d’un pot de fleurs.  

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A l'étage, le lit, ultime refuge, nid de douceur, abîme d’inconscience, là où on a envie de n’avoir affaire à personne, ne rien devoir à qui que ce soit. Le lieu où les indésirables ne viendront jamais vous déranger. Lieu privilégié des fantasmes, des rêves et des cauchemars. Lieu de délices et de souffrances. Lieu de voyages lointains et d’expériences intenses d’immobilité et d’imagination, où on passe le tiers de sa vie. Lieu de naissance et de mort.

Le paravent, le mal nommé. Ne protège pas du vent mais des regards indiscrets. Préserve un semblant d’intimité. Posé devant le lit, en interdit l'accès à qui n’y est pas invité, au milieu de la  chambre, donne l’illusion qu’il y a deux espaces aux fonctions différentes.

Amis solides, indéfectibles,  sur lesquels je peux compter, ni beaux, ni laids, des objets sans style, glanés pour la plupart dans les vide-grenier, qui ne me rehaussent  en rien, ne flattent pas mon ego, mais qui ont le mérite de répondre à mes besoins quotidiens.

 

(1) Hannoucah : fête des lumières dans le Judaïsme - du 1er au 9 décembre 2010

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