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histoires d'hier et d'aujourd'hui
28 août 2013

L'affiche

marie louJ’ai gardé l’affiche de la pièce intitulée "A toi pour toujours, ta Marie-Lou". Elle nous avait été distribuée lors d'une représentation donnée par la Compagnie des deux chaises,  dans un petit théâtre de la banlieue parisienne.Quatre jeunes femmes,   souriantes ou sérieuses, se tenaient debout épaules contre épaules ; mêmes débardeurs, même pantalon. Michel Tremblay y fait allusion dans son texte : c’est le moment clé. Je devine que Marie-Lou est la plus petite. Elle est jeune ; la photo date de 1940. 

 A l’époque,  le sens de la pièce m'avait échappé et je n’avais rien compris à la mise en  scène. Je me suis procuré le texte (1) récemment. En préface, Michel Trembay explique sa conception du décor,  comment il dispose les acteurs , module l’éclairage, et situe les personnages dans le temps : les parents, Marie-Lou et Léopold,  en 1961 ; à l'opposé de la scène, Carmen et Ninon en 1971. Les spots éclairent  alternativement les personnages au fur et à mesure de leurs interventions.

 J'ai trouvé un air de ressemblance dans la  physionomie entre les jeunes femmes et nous, les trois sœurs de notre famille. C'est sans doute le fruit de mon imagination. J’ai attribué des noms au-dessus de chacune d’elles. La dernière à droite,  c’est maman.

 Ce qui me bouleverse dans l‘affiche, c’est la dédicace : un serment qu’on ne devrait pas faire à la légère . Dans l’histoire de Michel Tremblay, la promesse de bonheur tourne en  une alliance destructive ; mari et femme se déchirent et se jettent leurs échecs à la face, ce dont se souviennent les deux sœurs pour avoir tout entendu de leur mémorable dispute.

 Les « mots  entremêlés, tricotés les uns aux autres » (2) sont  en résonance avec notre histoire, une histoire où deux soeurs se confrontent au sujet d’un père disparu (3).  Il faut la véhémence de ma soeur aînée pour qu'un tel échange puisse se produire. Pour elle, le chapitre n'est pas clos et n'est jamais assouvi son besoin d'exprimer sa rancoeur que le temps n'adoucit pas.

N'empêche, nous avons souvent des rencontres familiales festives, agréables moments que nous gardons en mémoire. Une grave maladie de mon frère aîné a fait tomber toutes les rancoeurs vis-à-vis de lui (4) ; Un  être qui souffre se passe bien de zizanie. 

Evoquer le souvenir de ma mère, c'est prendre la mesure de sa misère,   physique et morale, sans nous culpabiliser pour autant. Elle était sensible, et délicate; rien ne l'avait préparée à tenir le rôle que la vie lui a imposé. Avions-nous le pouvoir, nous les trois filles,  d'y changer quelque chose?

 Ma mère nous a quittés depuis de longues années. Dans les rares moments où elle était joyeuse et sereine, elle m’appelait affectueusement Marele. c'était comme une caresse et je me sentais l'élue de son coeur. Le serment  qui gît au fond de moi : « A toi pour toujours, ta Marele ».  c’est ma promesse de l'aimer toujours, plus qu’une promesse, une certitude. 

 

Tremblay(1) éditée chez ACTES SUD -  PAPIERS Août 2007

(2) extrait du commentaire relevé sur la couverture du livre

(3) sur le blog . Texte du 9 mai 2010 : Un père en question"

(4) sur le blog . Texte du 30 octobre 2012 "Tous résilients"

 

 

 

 

 

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