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histoires d'hier et d'aujourd'hui
29 janvier 2022

Des livres, beaucoup de livres...

Chez nous, il y avait un livre, un seul :le Petit Larousse illustré. Il trainait toujours quelque part dans la maison. Il nous fascinait. La couverture à elle seule était magique.Un fée, belle et gracieuse tient dans ses jolies mains une fleur ronde et blanche, et fait s'envoler d'un souffle léger, une multitude d'étoiles, Les jours de mauvais temps, nous passions des heures à jouer à "qui , de nous trois, savait le mieux lire?".La jolie couverture rose fut la première victime de nos batailles frénétiques pour " qui l'aura en premier"; bientôt les premières pages ne furent que des loques, déchirées, froissées. C'est le souvenir que je garde de notre dictionnaire.

 Par la suite, nous avons formé un Comité de lecture, excluant le petit dernier. Ce fut l'époque de la Bibliothèque Rose : les "Malheurs de Sophie' "Les petites filles modèles' une série lue et relue de multiples fois. Bien plus tard, nous sommes passées aux Zola, "L'Asommoir" et quelques autres, lectures distrayantes plutôt qu'édifiantes. Nous étions bien trop jeunes pour comprendre ces histoires de miséreux, ignorantes de qui était l'homme publique avant d'être l'écrivain.

 Il y avait dans une classe de Primaire une armoire-bibliothèque miniature à porte vitrée. L'enseignante en avait la clef. Si par chance, on faisait entrer un nouveau livre, il m'était réservé en priorité. Réputée fervente lectrice, bien des bizareries me furent pardonnées. Je fus même désignée lauréate pour un Prix d'excellence, un évènement pour les professeurs, une fierté pour la Directrice de l'Ecole. Le livre :"Pic à la Baleine", je n'ai pas eu l'occasion de le lire avant qu'il ne se perde. A propos de baleine, Herman Melville écrivit "Moby Dick ", une fiction qui n'est pas sans rapport avec l'aventure du Prophète Jonas, embarqué à Jaffa pour être débarqué à Ninive. Ayant désobéi aux commandements divins, il subit un tout autre sort,

 Dans les années cinquante, J'occupais un travail routinier -quarante-deux heures par semaine pour 24.000 frs mensuel (une paire de bas coûtait 1000 frs)- Deux heures de transport , du temps pour lire, du temps pour découvrir des vies autres que la mienne: Roger Martin du Gard, Romain Rolland, Proust, des romans-fleuves en plusieurs tomes. Jamais ennuyée, jamais pressée d'en venir à bout.

 Au lendemain de la guerre, nous lisions les romans russes : Anna Karénine, Guerre et Paix, Crime et chatiment, les Frères Karamazof. Gogol, drôle dans "Les âmes mortes", triste dans "le manteau" Tchékov, tendre et nostalgique. "les incontournables de la littérature russe du XIXème siècle, " selon BABELIO. Des oeuvres monumentales à relire dans une hypothétique deuxième vie!

 Dans les années quatre-vingt, le New Age déferle sur une France sclérosée. Je lis Alexander Lowen , bioénergéticien, Carl Rogers , Fritz Perls, inventeur de la Gestalt thérapie, le "bien-être -ici et maintenant". J'en ai eu ma part. Mes meilleures années. Le mouvement a pris forme à l'Institut Esalem , sur la côte californienne, à partir de 1962. L'Institut attire bon nombre d'artistes et d'intellectuels et même des transfuges du monde des affaires. Henry Miller raconte son séjour à Esalem dans un livre publié en 1956 (non traduit) . Il se dit transformé tant par la beauté du site que par la dimension spirituelle des résidents, jusqu'à remettre en question sa passion d'écrire.

 Depuis quelques décennies, des publications non-fictionnelles supplantent les romans. Des correspondants de guerre, des journalistes de terrain, de grands reporters: Romain Gary, Joseh Kessel, Albert Londres, Hemingway, narrateurs passionnants des grandes aventures du siècle dernier . D'autres écrivains écrivent avec leur coeur, dans la vérité de leurs sentiments. Ces hommes me sont chers et leurs noms me restent en mémoire bien que je n'aie pas de souvenirs nets de leurs écrits: Joseph Roth, Amos Oz, Thomas Bernhard, Milan Kundera.

 Les livres sont des vies. Ma cousine se raconte dans "Santa Book". J'y ai trouvé des détails sur ma mère, jeune fille, à l'époque où elle vivait en Allemagne chez sa soeur. Un de mes neveux , expatrié à New-York , édite et réedite à ses frais des auto-fictions. Les années de guerre sont racontées dans "Le Morbihan pendant l'occupation" par un groupe d'historiens bretons. Nous y sommes, nous les Furcajg, avec photo de ma jeune soeur.

 La littérature des ghettos et des camps nazis me rattrape, mettant fin a une trentaine d'années de méconnaissance. Des livres en quantité sont à la disposition de tous ceux qui veulent savoir. Je suis ramenée brutalement à mesorigines. Dès 1946, Primo Levi a fait publier "Si c'est un homme "qui sonne comme une injonction à se souvenir. Wadyslaw Spilman* écrit pour lui-même le calvaire enduré dans le ghetto de Varsovie. Le manuscrit sera publié chez Pocket en 2003, sous le titre "Le Pianiste'. Il poursuivra une carrière internationale de compositeur et de pianiste. Mary Berg, ayant réussi à sortir du Ghetto grâce à son passeport américain, témoigne dans 'The diary of Mary Berg" .

 "Une maisonnette au bord de la Vistule" est le titre que Rachel Ertel a donné à un recueil de nouvelles représentatives de la littérature Yiddish. Parmi ces récits traduits en français , Israël-Yeshoua Singer est le conteur que je connais le mieux. Il est dit de lui : "Nourri de connaissances juives par son milieu, il rejette avec violence le carcan de la religion." Le carcan de la religion, je n'en savais pas grand chose avant Chaim Potok, Rabbin et écrivain né aux Etats-Unis.. Les personnages de ses romans, ficelés dans un judaïsme fanatique, revendiquent le droit de vivre leur vocation artistique.

 Plus qu'un récit, "All who go do not return" est une confession d'un réalisme sans concession. Schulen Denn est exclut de la Communauté ultra-hortodoxe dans laquelle il a grandi et fondé une famille. Nous sommes au début du vingt-et-unième siècle, à New York . Dans les années vingt, à Varsovie, mon grand-père rabbin est exclut lui aussi de sa Communité rabbinique pour avoir autorisé son fils à travailler le samedi. C'est ce que nous racontait notre père. En 1656, Spinoza est excommunié de la Synagogue d'Amsterdam pour avoir publié l'Ethique.

 Dans son autobiographie "le calme retrouvé" , Tim Parks** raconte s'être initié au "lacher-prise", une pratique d'assise, concentrée sur la respiration, dans le silence du mental. Cela ressemble à une remise au goût du jour d'une méditation qui remonte à la nuit des temps.L'Ecclésiaste; plus philosophe que religieux , juge " que tout est vanité et pâture du vent , que rien n'est solide sous le soleil. "

.Paroles d'un Sage.

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* Wadyslaw Spilman* (1911/2000) - compositeur et pianiste.

* Tim Parks né à Manchester en 1954 Vit en Italie

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