Ritournelle
Nous marchons dans la pâle aurore
la main dans la main
Martelant le pavé sonore
La main dans la main
Oubliant la sac, la soif et la faim
Marchons la main dans la main.
Qu’il est loin le temps des rengaines Quand nous chantions de radieux lendemains
Tant et tant de vies bradées en vain Tout au long du chemin Pour que naissent de beaux matins, Que le passé a chantés !
Au temps de mon fringant passé, J’applaudissais des deux mains La valse des hymnes aux lendemains Pour que le passé ressemble à demain Et que demain soit le passé Que nous avons chanté.
Et vous, vieils gens des petits futurs, Fredonnez-vous toujours les lents demains ? L’évidence des croyances sûres Peuplent encore vos innocentes chimères Au rythme d’un vague bercement. Hier, A présent, demain, en tous points similaires.
Tarie la chanson des bonheurs sereins, Usée à petits brins la passion des demains. Passé et futur conjugués à l’unisson Ont étranglé à leur façon Les couplets des demains victorieux.
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Pourquoi, Messieurs et Mesdames, Vous, dont les futurs sont vastes comme le passé Ne chantez pas vous-mêmes Cette charmante ritournelle Pour que demain soit aussi le futur De notre vie nouvelle ?
Et pourtant ils se chantent, les futurs incertains, Sans Je, sans Tu, sans Ils et sans Elles, Aujourd’hui, hier, et demain, à tire d’aile par monts et par chemins sur un air d’antan que nous avons chanté Au long de nos jeunes années.
Ils résonnent à l’envie, éternellement A perte de vies, les lendemains, Au-delà de ce que les oreilles peuvent entendre, Sans but ni fin, et toujours plus loin. Ne finiront-ils jamais de chanter Ceux-là dont le futur est plus court qu’un instant ?
Eux, qu’on entend marteler en belle cadence Les rues pavées de folles espérances, La musique ardente des chœurs conquérants Ne se lassera-t-elle jamais d’acclamer Les bâtisseurs d’un monde, plus glorieux que le présent.
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