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histoires d'hier et d'aujourd'hui
27 décembre 2019

Un défi à relever

Enfant, mon fils fut ma raison d'être, ce qui ne nécessitait pas de questionnements. L'amour a cet effet magique de rendre inutile toute analyse. L'adolescence mit fin à cette période heureuse. Il y eut quelques périodes d'entente jubilatoire et de complicité, entrecoupées d'attitudes de rejet. Dès cette époque, mon fils avait fait son choix : toutes contre moi. Sa première épouse me détestait. Epoque où je vivais dans l'angoisse à la pensée que mon fils n'était pas heureux. Il y eu un premier retournement : il a divorcé et s'est remarié. Sa deuxième épouse attache de l'importance à ce que j'existe et m'intègre dans son cercle familial.

 Un récent événement dramatique mit un point final à l'illusion que j'avais moi aussi une place  dans la vie de mon fils. Je veux parler des funérailles le 21 janvier 2019 de son père, mon ex.mari. Un abîme d'incompréhension a sonné la fin de notre relation, mère et fils. Sous la pression, il m'a fallu faire un retour en arrière et coopérer pour maintenir nos liens sous la même forme qu'auparavant. Une reconcilation de façade, un colmatage dépourvu de spontanéité et de sentiments vrais. Je ne sais pas si la Mamie des livres d'enfants existe encore dans la réalité mais je ne suis pas de cette espèce. Les enfants de mon fils ne savent rien et n'attendent rien de moi.. Ce qui est vrai est que la réalité de l'autre est inconnaissable. d'où l'impossibilité de l'atteindre dans son authenticité." 

 Karim Aïnouz réalisateur du film "La vie invisible d'Aurydice Gusmao" s'est confié au cours d'un Interview: "La grande raison qui m'a poussé à faire ce film , c'était l'envie de parler de ma mère . Une femme qui m'a élevé seule , qui a travaillé toute sa vie, qui a vécu des moments de douleur". Hommage d'un homme de 53 ans à sa mère. Karim Aïnouz est né le 21 janvier 1966 , mon fils, le 21 janvier 1965 . La reconnaissance vis-à-vis d'une mère n'est que justice, une justice à laquelle je devrais avoir droit quels que soient mes manquements .

 Le déjeuner du 6 octobre qui nous a réunis au restaurant Buffalo m'a laissé une impression pénible . Nous avions pris place sur un canapé en cercle devant une grande table ronde, mon fils à ma droite, sur une chaise. Le service laissait à désirer. Le serveur était débordé. Les plats arrivaient refroidis faute de n'avoir pas été servis à temps. Dans l'intervalle, les filles montaient voir les jeux au premier étage, redescendaient, puis repartaient; ce n'était que cavalcades; à chaque fois des histoires à raconter avec grande animation. Les époux, eux, se trouvaient face à face, les yeux sur leur smarphone respectif, occupés à commenter des projets de voyages pour les six mois à venir, depuis la Toussaint jusqu'à l'été 2020,  en passant par les sports d'hiver de fin d'année, un voyage en février, un court séjour en Belgique, à Bruges, pourquoi pas, c'est à voir.... La veille, ils avaient fêté leur 10 ans de mariage. Ils étaient en pleine lune de miel... Pas question d'en placer une : je dérangeais.

 De retournement en retournement, le repas du 8 décembre fut différent. Dans la semaine qui a précédé je m'étais confortée dans l'idée que l'improvisation n'était plus d'actualité; je n'avais d'ailleurs pas de programme à proposer. Un thé l'après-midi serait suffisant avais-je dit. C'était le week-end du Marché de Noël avec patinoire et sortie au restaurant. Une  dérogation  entraînerait de graves crispations et pourtant,  dans ma décision d'en finir avec les faux-semblant, j'étais disposée à en courir le risque. Finalement, l'idée d'une virée chez "Léon" à l'Isle Adam mit tout le monde d'accord. Le repas fut joyeux; tout le monde se montra plein d'entrein. J'ai désamorcé un incident qui aurait gaché l'ambiance : la petite renversa son verre. J'ai coupé court à la scène qui pointait en y allant d'une anecdote du style "moi aussi, il m'est arrivé la même chose" et de raconter qu'un gobelet de café m'a échappé des mains à la cafétaria de l'Hôpital d'Eaubonne avec les conséquences qu'on devine. 

 Le principe " savoir se garder " est  garant de mon indépendance. Et pourtant,  faire le bout de chemin qui me reste à vivre en harmonie avec mon fils et sa famille, en dépit de tout ce qui nous sépare,  est le défi que l'avenir me propose. 

31   janvier 2020: "Savoir se garder" lorsque des habitudes sont prises est la chose la plus difficile qui soit. Mon intransigeance d'une part, une incompréhension de l'autre et c'est la brouille. Les moments heureux ne se fabriquent pas sur des non-dit.  

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