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histoires d'hier et d'aujourd'hui
11 octobre 2019

Ce que le jour doit à la nuit (1)

"Autres rivages" est l'autobiographie de Vladimir Nabokov . On dit du récit qu'il est nostalgique dans le sens où l'écrivain revient longuement sur l'enfance  restée dans son souvenir comme une époque d'émerveillement.  J'ai aimé le titre et dans un moment d'optimisme , j'ai pensé qu'il conviendrait à mon texte imaginant qu'il me propulserait dans un futur joyeux... Toute imprégnée de cet élan énergisant, et pour bien marquer qu'une ère nouvelle s'ouvrait pour moi, je choisis de partir dans la charmante ville d'Arcachon précisément la veille de mon anniversaire, le 27 mai. Le démarrage de mon ère nouvelle fut très réussie. Dix jours à la Villa Régina, un majestueux édifice XIXe siècle récemment rénové, située à 800 mètres de la baie. Je me suis donné pour let-motive de ne pas regarder à la dépense, de vivre décomplexée, de s'adresser aux gens avec bienveillance et de donner libre cours à ma curiosité.

 Pas de bonheur sans lecture. J'ai emporté des livres peu encombrants et d'un poids léger, dont les auteurs me sont connus.

- "Mon roman pourpre aux pages parfumées" McEwan ( lu "Expiation" et "Le jardin de ciment" )

- "la guitare de diamant" Truman Capote ( lu "De Sang Froid et "Petit déjeuner chez Teffany)

- "La fête de l'insignifiance" - Ilan Kundera (lu "l'insoutenable légèreté de l'être")

- "Les deux morts de ma Grand-mère et autres essais" Amos Oz . ( "Mon Michel", "Une histoire d'amour et de ténèbres")

- "Le vieux qui lisait des romans d'amour" Luis Sepulveda " fut une découverte.? (son premier roman)

 Mon futur heureux fut de courte durée. Depuis mon retour, douleurs articulaires et démangeaisons m'amènent à rechercher dans les médecines prarallèles soins et traitements alternatifs. Kinésithérapie et osthéopathie sont sans effet. Les bienfaits de l'acuponcture restent à prouver comme d'ailleurs l'homéopathie. L'extraction d'une molaire suivie d'un traitement d'antibiotique fut une période difficile pour mon moral. La violence faite à mon organisme à cette occasion a généré des cauchemards au cours desquels sont venus me visiter des êtres ayant autrefois partagé mes jeunes années. 

 Ce que le jour doit à la nuit - rêves en famille

 5 octobre 2019 - Je suis seule dans l'appart. Mon père et ma mère ne sont pas rentrés. Je sors (mon ancien quartier Cité des longues raies). Dans mon champ de vision passent mes parents; je vois mon père très distinctement, bien vêtu, en par-dessus. Je cours vers eux pour les rejoindre, mais je ne les vois plus.  Je rentre dans l'appart. Il y a 50 cms d'eau dans la cuisine . Je dois écoper. Mon frère cadet arrive sur une moto. Je me plains amèrement ."Nous étions sept ici -dis-je- et maintenant je suis seule". J'ai vu ma soeur Juliette hier mais je n'ai pas pris son numéro de téléphone ;  je ne peux pas la joindre. Enfin, mon frère est là avec un copain. Je lui demande "Qu'est-ce que c'est que cette moto?". Il me donne des explications. Je lui demande de se laver les mains avant de se mettre à table.  Il met ses mains sous le robinet ; l'eau qui en découle est très sale. Je le lui fais remarquer. Le copain et là debout et ne dit rien. Je n'arrête pas de me plaindre en répétant "Nous étions sept et maintenant je suis seule dans l'appart". Le sol de la cuisine est pourri à cause des fuites d'eau. "Je vais vendre l'appart "dis-je

 La même nuit au matin - Nous sommes à table. Hélène nous sert des petites pommes de terre à "la robe des champs" . elles sont très petites et de forme biscornue. Je dis qu'elles sont difficiles à manger. Je sors et pendant mon absence, contrariée, elle a jeté toutes les pommes de terre. Elle s'en va avec un léger sac à dos. Je lui  demande de rester. NON! Elle prend son sac et s'en va. Je cours après elle. Nous nous trouvons dans la rue. Elle trace un croix sur mon front. Je ressens un désespoir profond et je dis plusieurs fois "c'est tellement dommage, tellement dommage!" Elle est de glace, indifférente, figée. Je me réveille en grande souffrance .

6 octobre 2019 "Georges s'est installé dans mon appartement. Il est occupé à écrire sur des documents devant un imposant bureau . Je fais une terrible scène lui intimant l'ordre de quitter les lieux. Il ne bouge pas, déterminé à rester et à continuer à travailler sur ce grand bureau dans mon appart. Excédé par mon insistance  à le voir partir, il m'attrape violemment, me plaque devant lui et me tord les chevilles. Je dis que je vais appeler la police. Je sors de l'appart. Dans l'allée arrive une énorme voiture orange criard qui freine juste à temps pour ne pas me heurter. Je dis "ce n'est pas une autoroute ici". Heureusement la voiture roulait au pas. Des types rigolards la suivaient à pied. Je reviens à l'appart. Georges est toujours là, écrivant devant le grand bureau .

10 octobre 2019. "C'est le matin. Il y a des courses à faire. Juliette vient de se réveiller. Je lui demande d'avancer de l'argent pour les courses. Elle rechigne. Je lui fais remarquer que j'ai fait des dépenses pour elle. Elle veut des preuves. Par ironie, je tends la main et lui dis "Tu veux que je demande de l'aumône, toi?"

 13 octobre - Je suis avec Hélène dans un appart. Nous allons sortir, mais alors que j'étais déjà habillée , je m'avise de prendre une douche. Hélène aussi  finalement souhaite prendre une douche. Mon père m'a gravement offensée . Je dis à Hélène :"Je ne pardonnerai jamais papa" Juliette revient de voyage. Elle poste un petit carré de papier au mur marqué "Turquie" ; Un coup de téléphone. Au bout du fil, c'est un homme qui a rencontré Juliette. Il parle d'elle longuement en faisant son éloge. La conversation n'en finit pas et je passe la communication à Juliette. Je n'ai pas remis le téléphone à sa place. Marcel le reporte dans la pièce où nous sommes assis autour d'une table. Il a l'air méchant. Il tourne autour de la table et à chaque fois qu'il passe derrière mon dos, je crains qu'il me donne des coups. 

28 octobre -  Je suis à la maison. Juliette vaque à ses affaires. Elle ne me parle pas. J'aimerais qu'elle me parle mais elle s'obstine à ne pas me parler. Il y a maman aussi. Elle est assise sur une chaise. Elle porte une robe fleurie longue et légère. Je commence à rassembler des robes et d'autres vêtements appartenant à ma mère, éparpillés ici et là. Tous ces vêtements qui trainent , ça m'agace. Je vais faire une machine. Je me demande si elle fonctionne. Je vois qu'il y a une salle de douche mais on ne repasse  ni on ne lave dans une douche. Maman se lève et va dans la chambre à côté. Je vais voir . Elle se met au lit. J'arrange les couvertures sur elle. Je vais à la fenêtre et ferme un volet pour qu'elle ait de l'obscurité. Je n'arrive pas à fermer le deuxième volet qui est hors d'atteinte. Il me faudrait grimper sur un appui . Je n'y arrive pas et ne peut obtenir l'obscurité complète.

  30 octobre - Mon père discute affaires en plein air. C'est un champ très vallonné avec des collines et des petites vallées; Je cours à travers la campagne. Juliette est présente. Elle aussi parcourt la campagne. Je la vois au loin. Elle est avec des amis. Elle revient d'Angleterre, je crois. Elle me rejoint

   1er novembre - Je suis dans une salle de classe. C'est la rentrée de la cinquième. Je n'ai rien appris. J'ai un bureau et les tiroirs sont plein de revues de toutes sortes mélangées avec les livres de cours. Je veux réviser au dernier moment et je fais le tri pour mettre les revues de côté. Il y en a des quantités. Hélène est là. Je me plains à elle car Juliette ne veut pas m'aider. Elle est brillante et a déjà tout réussit. Hélène est indifférente à mes reproches. Je lui dis avec beaucoup de véhémence "Toi, tu sais ce que c'est d'avoir été rejetée par la famille". Je me sens exclue. Des agents entrent dans la classe mais ce n'est pas pour moi; ils viennent contrôler un compteur dans un placard. Dans la classe il y a une élève très jolie. Dès qu'elle est arrivée à sa place, elle a tout de suite rangé ses affaires. Je pense qu'elle a été habituée à l'ordre et  la propreté , ça lui est facile, pas pour moi. Je suis séduite par cette petite fille . Je me penche à son oreille et je dis "je t'aime, je t'aime , je t'aime".(2)

  Une rencontre : Une connaissance que je croisai sur le trottoir me demande " Alors? tu en es où ?". Elle courait pour attraper son train et je n'ai eu que le temps de lui répondre "La routine" La question suppose qu'elle a de moi l'idée que je vais quelque part, que je suis une personne en recherche de spiritualité, tout comme elle. En quelques mots, elle m'annonce que oui elle a trouvé sa voie ; tout est en train de changer dans sa vie, même son lieu de résidence. 

 Autre rencontre : mon frère aîné vouait à sa femme un véritable culte.Elle était son idéale de la bourgeoisie juive . Née à Sousse, elle fut parfaite maîtresse de maison, mère idolâtre de ses trois enfants, fervente musicienne, férue de culture française, esprit communautaire juste ce qu'il faut. Je l'ai croisée hier sur le trottoir de l'Avenue du Général de Gaulle à Enghein. Elle marchait à pas mesurés,  droit devant elle, sans aucune hésitation malgré une quasi cécité.  Les piétons s'écartaient sur son passage. Elle ne rencontrait pas d'obstacle comme si ses pieds ne touchaient pas le sol, indifférente à l'animation de cette journée d'été, comme grandie dans son absolue solitude, portant sa tête avec la fierté d'une grande dame, une apparition d'outre-tombe, transfigurée, inabordable. Vers quelle destination dirigeait-elle ses pas?  Je fus tentée de marcher dans son sillage, savoir quel était son but. Je ne me suis pas fait connaître.  Je ne l'ai pas saluée; elle était très très loin de moi, ma belle-soeur.

 Un rêve nocturne - non daté : Un feu s'est déclaré en face de la maison de mon enfance à Blanc-Mesnil. Un homme est présent : un familier des lieux. Il va voir ce qu'il en est. Il revient et raconte que d'après une rumeur il y avait eu dans cette maison violence et peut-être viol. Des voitures de pompiers sont sur les lieux. Je m'écrie "c'est chez les Saguet! ".

Jacqueline Saguet est issue d'une misérable famille nombreuse. Le père amputé d'une jambe à la suite d'un accident de moto ne travaillait pas. Dans la rue des champs où nous habitions, Jacqueline était ma seule compagne de jeu. C'était un quartier pratiquement sans circulation. A courir après les grands, le petit dernier de cinq ans s'était fait renverser par un camion, dans une artère adjacente, le long de la voie ferrée. Je n'ai pas vu l'accident mais la scène qui a suivi a frappé mon esprit :le père traînant sa jambe de bois portant  l'enfant mort dans les bras, le visage sans expression. La marmaille suivait avec force cris, pleurs et lamentations. Ma mère est sortie sur le pas de la porte; la scène nous a frappés d'effroi, surtout de voir ma mère prête  à s'affaisser sur le sol, frappée d'horreur, en poussant un cri  "oy wei mir" ( douleur à moi).

J'ai suivi le corbillard jusqu'au cimetierre. 

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 (1) titre d'un roman de Jasmina Kadhra

(2) A rapprocher du texte "Sylvie Niesenbaum " du 4/6/1O

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