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histoires d'hier et d'aujourd'hui
24 mars 2011

Sur le parvis de l’Eglise

 Au beau  milieu du parvis de l'église, se tient une femme très grande, voilée jusqu’aux yeux. Elle surveille un petit enfant, accroupi à ses pieds.  Je m'arrête devant elle et et m‘exclame :  

 

-         Il ne doit pas vous reconnaître votre petit garçon !

 

Aussitôt,  elle baisse son voile, sans un mot. Je suis surprise et émerveillée de découvrir ses traits. Un  visage très lumineux, des yeux brillants, un franc sourire.

 

-         Ah ! c’est mieux !

 

On sait dans le voisinage qu’elle habite dans cet immeuble qui jouxte la place. Je l’ai revue une fois. Elle sortait d'une d’une voiture, encombrée de paquets. Un de ses enfants était au milieu de la rue.  Je ne savais pas quoi faire pour l’aider. Je suis restée à proximité,  prête à intervenir s’il arrivait une voiture.  Je ne la reverrai plus.

 

 Un jeune homme court dans tous les sens. Il interpelle une femme, assise sur les marches de l'église.

  -vous avez du feu ?

 - Non ! je n’ai pas d’allumettes

  Il vient vers moi

  -vous avez du feu ?

 -         Non, je ne fume pas . Demandez donc au tabac en face, ils vous donneront des allumettes.

  Au bout de quelques minutes, il revient en courant . Je l’interroge :

  -         Alors, vous avez eu du feu ?

 -         Non ! on n’a pas voulu m’en donner

          -         Il repart en courant comme un égaré et disparaît.

 Je pense « c’est bête, j’aurais dû lui dire qu’il y avait une boite d’allumettes dans l’Eglise pour allumer les bougies. C’est moi-même qui l’ait mise. ».

Je croise souvent le prêtre de la paroisse.. J’habite à proximité. Nous avons des conversations. Je me vante d’étudier l’hébreux dans le texte biblique. Il est admiratif. Lui me parle de son voyage à Jérusalem à la tête d’un groupe de chrétiens. Tous enthousiasmés de leurs visites. Je demande : « Pas une fausse note ? »

 

-        - « beaucoup de pauvreté du côté palestinien ». Il semble chagriné.

 

J’ai su par une voyageuse du même groupe, qu’il y avait eu échange de tirs à Jérusalem, ce qui n’a pas douché son plaisir.

 

Lorsque j’étais à Tel Aviv,  je m‘étais réjouie du spectacle des Israéliens arabes pickniquant en famille sur les pelouses. Les femmes se baignaient toute habillées, au milieu de joyeuses éclaboussures. Le lundi matin,  de vieux juifs ramassaient les papiers gras et balayaient la place. C’était il y a plus de dix ans.

 

Dans le livre de Yehoshua Kenaz « Retour des amours perdues », une femme juive très vulgaire répète à l’envi «Pour qui vous vous prenez vous autres : on n’est pas des arabes, nous ! »(1) Ce qui lui donne le droit de construire illégalement un studio dans un sous-sol, contre la volonté du gérant, trop âgé pour s’imposer .

 

Le prêtre de l’église me raconte qu’il a des parents en Israël. Un de ses proches est marié à une juive. N’empêche, il n’a pas pu obtenir de sa hiérarchie que se célèbre un mariage dans son Eglise entre un juif non baptisé et une chrétienne orthodoxe. Il ne faut pas trop en demander !

 

En fait, il attendait de moi un petit service. Former équipe avec d’autres retraités pour assurer l’ouverture la fermeture de son Eglise. Je n’avais aucune raison de refuser. Le matin, je déverrouille la porte, débarrasse les bougies consumées, allume une toute neuve, branche la musique sacrée, allume les lumières.  Voilà ! tout est prêt pour accueillir les visiteurs.  Le soir, j’éteins et verrouille la porte. EGLISEJe me sens importante!...

 

L’Eglise Sainte Marie – Madeleine, style roman, mérite le détour. Bâtie sur un tertre, elle surplombe le vieux Domont. On aperçoit le clocher quand on arrive de Bouffémont pour prendre la rue du Lavoir-Philibert. Elle a été restaurée  récemment ainsi que l’orgue.  Les vitraux sont récents, éclairés de vives couleurs. Les scènes représentées sont expliquées dans une brochure mise à disposition dans l’Eglise pour 7euros…Les messes et cérémonies religieuses sont très fréquentées. Le prêtre est un original. Il circule en moto, casque et pantalon de cuir.

 

ruban

Le sentiment religieux m’est étranger, mais je peux apprécier la sobriété, l’harmonie des proportions, les couleurs, la beauté des formes,  la pureté des pierres. Quelqu’un a dit, à juste titre : « . On peut considérer que le travail de la pierre est le point de départ de l’art sculptural comme première tentative pour investir ce matériau d’un pouvoir d’expression supérieur à celui que lui donnait la nature ou le hasard seul ».

 

 A gauche de la nef centrale, est aménagée une petite chapelle meublée d’un tabernacle surmonté d’un christ en croix. La croix est un symbole, remontant aux époques les plus anciennes. Elle ne devrait pas être associée à la mort et à la souffrance, ce que suggère le Curicifié,expirant dans d'atroces douleurs. Mieux vaut se connecter au Christ en majesté, représentation qu’on rencontre dans l’art oriental chrétien.(3)

La croix, lié au chiffre quatre, est symbole de l’Univers dans sa totalité. Il se rattache aux manifestations cosmiques : quatre points cardinaux, quatre phases de lune, quatre saisons, quatre éléments…L’Homme-croix, nous rappelle nos deux dimensions essentielles ;  horizontale : notre parcours terrestre, verticale : notre ascension vers la lumière. CHRISTLe célèbre croquis de Léonard de Vinci « l’Homme de Vitruve » illustre comment le « quatre » détermine les proportions du corps humain.(2).VITRUVE

Dans mes jeunes années, ma religion était l’escalade, manière de vivre ma verticalité. Dans une des voies du Rax, plateau aux environs de Vienne, j’ai même failli y laisser la vie. Aveuglée par ma passion, je grimpais, pauvrement équipée, sur une voie quasiment désaffectée, en cordée avec un grimpeur sans expérience. Dans les années soixante, l'escalade en falaise n'était pas encore très répandue en Autriche.

Rocher.


La théorie des analogies, doctrine propre aux occultistes et aux ésotéristes est partagée par certains poètes.

 Baudelaire, dans son poème « Correspondances » en est un exemple.   Arbres

"La nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L’homme y passe  à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent,                      

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

iris

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 (1)   texte « retour des amours perdus » chez Stock – page 59 de l’ouvrage.

(2)   Quatre doigts font une paume, et quatre paumes font un pied, six paumes font une coudée : quatre coudées font la hauteur d’un homme.Et quatre coudées font un double pas, et vingt-quatre paumes font un homme


(3)  A propos du Christ en gloire lire le texte sur le blog : "Accueil spirituel" publié le 26 mai 2010, dont extrait

  "Au centre, un Christ en Gloire, les bras légèrement écartés du corps, dans un geste d’offrande ou d’accueil, inscrit dans une mandorle en conque d’amande, confectionnée de plantes tressées piquées de fruits tandis qu’à ses côtés, les Pères de l’Eglise nommément représentés, se tiennent debout avec agneaux à leurs pieds. En médaillon au-dessus de sa tête,  l’Agneau de Dieu, également dans sa mandorle. Splendide illustration d’harmonie, d’équilibre, de douceur, par les couleurs, les thèmes, la composition. "

 

 

 

 

    

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