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histoires d'hier et d'aujourd'hui
19 septembre 2011

Antisioniste mais pas antisémite*

 CICLOP est un Centre Interculturel de Communication, Langues et Orientation pédagogique, depuis 1975. Je viens de recevoir le programme 2011-2012. J’ai fréquenté l’atelier bi-mensuel animé par Any Davidson , formée par CICLOP, qui a lieu chez elle 16, avenue Léon Blum -93800 Epinay s/seine .

 En avril, au cours d’une séance, Any Davdson nous sort :  « Je suis antisioniste mais pas antisémite !» , personne ne lui demandait rien. Je reste dans voix. Je laisse passer.

 La séance suivante,  une participante, Madame L.,  me conduit à  la gare d’Epinay. Profitant des quelques minutes de trajet en voiture, je lui demande ce qu’elle pense de la « sortie » d’Any. Elle explose au quart de tour.

 -         Ouai ce sont ces salopards d’Anglais qui nous ont fourgué cette merde d’Israël !!

 Quel peut donc être le parcours de cette femme pour qu’elle en soit restée à la Déclaration Balfour de 1917… ?  Elle a eu des parents juifs et communistes, enfant elle a rejoint les jeunesses communistes ; elle termine une carrière d’institutrice dans une classe primaire d’enfants illettrés, fraîchement débarqués en Seine-Saint-Denis. Ce que je sais d’autre est que sa mère lui a caché pendant longtemps le massacre de sa famille par les nazis. Dans son  livre « Little Big Bang »,  Benny Barbash évoque les conséquences sur les enfants et petits-enfants des victimes de la Shoah,  lorsqu’ils sont tenus dans l’ignorance  de ce qu’ont vécu leurs aïeux. « Ils portent en eux une souffrance qu’ils ne pourront même pas nommer, parce qu’ils en ignoreront tout, et c’est bien la pire chose qui soit ».(1)

 -         Ouai continue Madame L. sur le même ton , tous ces rescapés des camps n‘avaient qu’à retourner dans leur pologne natale !

-         Ils n’étaient pas particulièrement bien reçus là-bas,

 Un ton plus bas.

 -         Ouai, Ouai , je sais. Un de mes oncles a été dissuadé de rejoindre son village d’origine. La guerre terminée, on massacrait encore les juifs en Pologne…Mais enfin, t’as vu le film « Les Citronniers » ?

 Elle y avait, dans l’atelier d’écriture, une femme en grand chagrin. Son mari venait de mourir d’un cancer. Il est décédé le matin  même où il allait prendre l’avion pour Tel-Aviv. Au cours de l’atelier, elle tentait d’exprimer sa détresse. Elle n’était pas présente à l’atelier ce jour-là, elle n’est d’ailleurs jamais revenue. La méconnaissance d’Any des sensibilités juives est sidérante.

 Des textes lus au cours de l’atelier, il ressortait clairement que je suis attachée à Israël,   où j’ai d’ailleurs des parents proches. J'avais évoqué mon bénévolat dans l'armée israélienne, anecdote qu'on avait trouvé cocasse.Au cours d’un atelier d’Ecriture, on s’ouvre aux autres, on prend des risques.

Any Davidson se sent d’autant plus autorisée à se déclarer « antisioniste » qu’elle se situe situe dans la mouvance de  ces écrivailleurs de gauche, juifs et non juifs, qui inondent  les médias d’un flot continue de contrevérités.

 A un bout de la chaîne, Any Davidson,  à l’autre bout,  les assassins des athlètes olympiques de Munich, les terroristes des tours jumelles, les assaillants de l’ambassade d’Israël au Caire,  Ahmadinejad, en passant  par les pourfendeurs des Israéliens qui nous abreuvent quotidiennement d’un fatras d’inepties et de commentaires infamants.

Des dizaines de perles occupent une large place sur Internet : un site pris au hasard : www.planetenonvilence.org. Extrait :

Les sionistes se targuent quant à eux d’utiliser leurs écrivains et poètes pour cajoler l’opinion publique mondiale, essayer de changer «l’image de marque Israël» pour faire oublier les crimes de guerre commis par l’armée sioniste; et les artistes «jouent le jeu»... moyennant finances.

No comments !.

 A la suite de cet incident, je me retire de l’atelier et le fait savoir. Any me téléphone, demande explications. Je lui raconte.   - « Oh c’est dommage !-me dit-elle- l tu apportais  une note d’humour dans l’atelier, etc. on compte te revoir l’année prochaine…Candeur ou inconscience ? Ma mère avait un dicton en Iddish à propos de ce genre de personne   : « on lui crache au visage, elle dit qu’il pleut ! » 

 Petit rappel de l’épopée sioniste : En 1897, Théodor Herzl, lance le Mouvement sioniste, et crée  un Fonds pour l'implantation juive pour l'achat de terres en Palestine.(2) . A l’époque de Th.Herzl, et avant 1947, le sionisme avait un sens, c’était un rêve, réalisable pour les uns,  repoussé par d’autres.  Les extra- religieux s’y opposaient : seule l’arrivée du Messie pouvait réunir les juifs sur leur terre ancestrale. Des intellectuels d’Europe Central assimilés s‘y opposaient également. Pour eux, l’assimilation, et souvent la conversion, était le seul moyen d’écrire et d’éditer.

Suite de l’épopée sioniste : « Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU adopte la résolution 181, créant deux Etats sur le territoire de l’ancienne Palestine mandataire – un Etat juif, Israël, un Etat palestinien. Le second ne vit jamais le jour, du fait de la guerre que les pays arabes déclarèrent au premier »(3)

 Joseph Bialot s’adresse à Stephane Hessel, dans un long article (4) :  » Vous semblez tous ignorer que le sionisme n’existe plus…Le sionisme a terminé sa course historique... Ceux-là qui s’abritent derrière un mythe, le Sionisme,  camouflent un antisémitisme plus ou moins conscient « .

Le déni contenu dans la formule » antisioniste mais pas antisémite », n’y change rien.

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 (1)   page 15

(2)   Internet

(3)   Extrait de l’analyse : « Faisons un rêve : un « oui » israélien à l’ONU »  publiée dans le Monde du vendredi 16 septembre 2011 par Alain Franchon ;

(4)   « Lettre ouverte à Stéphane Hessel et aux indignés de ‘Indignations » Le Magazine des Livres de juillet/août 2011- pages 71 à 78. Extrait page 74 - Joseph Bialot, né à Varsovie le 10 août 1923 est un écrivain français et survivant de la Shoah.

* LIRE sur le blog le texte un parallèle ignomineux"  édité à la date du  2/09/2010

   Sur le blog "Elle s'appelait Bela" édité le 9/011/2013

 
 
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